Comment faire un live streaming concert si j'ai peur des cables?

Les musiciens et l’ensemble des artistes du spectacle vivant ont en commun une passion et une forme de dépendance qui va bien au-delà de la seule dépendance financière à la performance scénique, ce moment où l’artiste se transforme en funambule, risquant à tout moment le faux pas au nom de ce lien privilégié qu’il construit et déroule avec son public tout au long de sa prestation. Le live comporte une dimension excitante, vivifiante qui donne tout son sens au métier d’artiste.

- par Amandine Aubrée pour @Handart_appli

Que faire dans un contexte où la plupart des pays ont relégué l’art vivant au statut de « non-essentiel » ? Rester vautré devant les comédies romantiques du début des années 2000 sur Netflix est définitivement un moyen de se consoler et passer le temps. Mais après avoir assisté à x rencontres amoureuses entre deux acteurs caucasiens bien faits de leur personne, peut-être est-il temps de songer à éteindre l’ordinateur… et organiser un concert live !

Les concerts live sont nettement plus simples à organiser pour les musiciens qui ont l’habitude de travailler avec des instruments amplifiés. Dans la musique électronique, les musiciens sont en général à l’aise avec les câbles, prises et boutons à pousser. Dans ce post, nous nous adresserons donc prioritairement aux musiciens qui n’ont jamais eu besoin de toutes ces choses pour faire fonctionner leur instrument et/ou qui se sentent un peu intimidés à l’idée de brancher des bidules dans des machines.

Et précisément : une des parties les plus délicates pour un musicien acoustique est de garantir une bonne qualité de son. C’est pourquoi nous allons parler de…

La carte son : comment faire mon choix ?

Le premier outil de base dont vous allez avoir besoin est une carte son externe. La carte son vous permet de connecter vos instruments électroniques (si vous jouez sur un synthé, par exemple) et vos micros à votre ordinateur (car il vous faudra aussi un ordinateur ou une tablette pour votre live, mais je suppose que plus ou moins tout le monde possède l’un ou l’autre). Grâce à la carte son, vous allez pouvoir mixer votre son, contrôler le volume et envoyer toutes les données audio sur votre ordinateur.

La carte son que j’utilise est une Focusrite Scarlett 2i2 et voici à quoi cela ressemble :

Vous pouvez vous en procurer une pour environ 150 euros. Pour ma part, j’ai choisi une carte avec deux entrées parce que je suis chanteuse et qu’il y a souvent un deuxième instrument pour m’accompagner. Le nombre d’entrée nécessaire dépend de votre configuration (nombre d’instruments) et du nombre de micros que vous utilisez. Si votre projet musical est à géométrie variable ou que vous comptez investir prochainement dans des micros supplémentaires pour une prise de son plus riche, privilégiez une carte son avec un maximum d’entrées, sans quoi vous risquez d’être vite limités. Inutile de se rajouter des contrariétés en période de couvre-feu !

Des conseils pour surtout ne pas pêter un câble

Voilà qui m’amène à parler des câbles et des prises. Une fois votre carte son bien en place, connectée à l’ordinateur, c’est au tour des instruments et micros d’être raccordés à votre carte son.

Si vous utilisez uniquement des instruments acoustiques ou des voix, il va vous falloir un micro pour chaque instrument, à moins que vous ne possédiez un micro vous permettant d’enregistrer plusieurs instruments à la fois.* Selon le(s) micro(s) utilisé(s), la connexion se fera en XLR ou en jack. Ça tombe bien car la plupart des cartes son ont des entrées combo XLR-jack. Vous pourrez donc connecter n’importe quel micro à votre carte son !

*Bien choisir son micro est essentiel ! Pour trouver le ou les micro(s) le(s) plus adapté(s) à l’usage que vous voulez en faire, nous vous conseillons de vous renseigner auprès d’un spécialiste.

La prise micro XLR

Si votre micro a une sortie de type XLR, vous allez avoir besoin d’un câble XLR Mâle/Femelle ; cette drôle de nomenclature genrée signifie tout simplement que la prise n’est pas identique aux deux extrémités du câble : l’une va être connectée au micro (la prise femelle), l’autre va être connectée à votre carte son (la prise mâle). Dit autrement, une prise femelle est toujours connectée à une sortie et une prise mâle, à une entrée. Voilà ce que ça donne en image :

La prise micro jack

Si la sortie de votre micro ne ressemble pas du tout à ce que nous venons de décrire plus haut, c’est qu’il s’agit d’une prise jack ! Dans ce cas, vous aurez besoin d’un câble XLR Mâle / jack 6,35 mm (mono ou stéréo). La prise jack sera donc connectée à la sortie du micro et la prise XLR à l’autre extrémité servira à relier ledit micro à votre carte son. On vous montre :

A noter : Le mini-jack (le modèle réduit de la prise jack classique) est beaucoup plus rare s’agissant de micros, mais existe néanmoins ! Pour pouvoir vous adapter à toutes les situations, nous vous conseillons de vous procurer un adaptateur jack / mini-jack à emporter partout avec vous !

L’incontournable des câbles instruments

Parce que c’est très utile à mon métier de chanteuse, je possède un bon piano électronique. Je le connecte donc directement à la carte son plutôt que de passer par un deuxième micro (en plus de celui que j’utilise pour enregistrer le son de ma voix). Si comme moi vous utilisez un piano électronique, vous aurez besoin d’un câble TS mono jack 6,35 mm de diamètre*. Ce câble est également compatible avec un synthétiseur ou une guitare électrique ou semi-acoustique reliée ou non à un ampli. Voici à quoi il ressemble :

*Si vous avez suivi l’explication précédente, vous aurez compris que mâle/mâle signifie que l’on retrouve les deux mêmes prises aux extrémités du câble. En effet, une des spécificités des prises TS est qu’elles se connectent aux entrées ET aux sorties (super pratique).

Les piano électroniques et synthé sont le plus souvent équipé d’une sortie casque pour jouer tout votre soûl sans déranger les voisins, laquelle est située la plupart du temps sous le clavier. Ce n’est pas cette sortie-ci que vous devez utiliser mais celle située à l’arrière de votre clavier, sinon rien ne se passera !

Mono ou stéréo : je n’y comprends rien !

Câble stéréo ou mono ? Les câbles jack sont soit l’un, soit l’autre, soit les deux ! C’est le type de micro utilisé qui détermine le choix de l’enregistrement en stéréo ou en mono et donc le connecteur qu’il convient d’utiliser. Vous commencez à vous emmêler les pinceaux ? Rassurez-vous, c’est normal, l’acoustique est un vaste sujet dont il est impossible de faire le tour en un unique article.

(ne vous inquiétez pas, je voulais juste vous faire peur avec ce photo...)

Ce qu’on peut vous dire tout de même pour éclairer vos lanternes, c’est qu’un micro mono sera plus volontiers utilisé pour enregistrer la voix chantée*, une guitare sèche ou un violon, en fait l’écrasante majorité des instruments acoustiques. En revanche, on utilisera de préférence deux micros mono appairés pour enregistrer le son d’un piano de concert, tout simplement pour éviter que les graves et aigus ne passent à la trappe. Le fait d’utiliser deux micros avec deux orientations différentes permet en effet de capter un spectre de fréquences plus large. Un cas particulier à mentionner est celui de la batterie, composée de plusieurs instruments, qui va pouvoir nécessiter à la fois une prise son mono (grosse caisse, caisse claire) et stéréo (cymbales).

Enfin, pour un son d’ensemble, soit donc un micro qui prend le son de plusieurs instruments en même temps, stéréo et mono peuvent également se justifier. On gardera en tête qu’un enregistrement stéréo permet de spatialiser le son et de le rendre plus « réaliste » à l’oreille, surtout si vous vous filmez en train de jouer !

Quant aux instruments électroniques, certains envoient un signal mono ; c’est le cas de la guitare électrique. Il ne sert donc à rien de les enregistrer en stéréo ! La plupart des pianos et synthé actuels peuvent être enregistrés en mono ou stéréo. A noter que pour un enregistrement de votre piano électronique en stéréo, un câble supplémentaire sera nécessaire. Personnellement, j’opte pour l’enregistrement mono.

En avant la musique !

Vous pouvez à présent ajuster le gain (ou volume d’acquisition) depuis votre carte son. Pour ce faire, référez-vous au vu-mètre de votre carte son qui indique le niveau du signal audio. Assurez-vous que le son ne dépasse pas la zone verte ou orange du vu-mètre. Le cas échéant, le préampli de votre carte son risque de saturer ; vous aurez alors beau jouer le mieux du monde, le rendu final sera de mauvaise qualité, voire tout simplement inaudible…

Toujours depuis la carte son et en vous munissant cette fois d’un casque ou d’une paire d’écouteurs de bonne qualité, vous pouvez régler le gain respectif des différents canaux. Ce geste est un peu technique, surtout si vous enregistrez plusieurs pistes en même temps. L’idée ici, c’est d’équilibrer au mieux le son des différents instruments pour éviter que certains ne soient couvert par d’autres. Et ça se fait entièrement à l’oreille !*

*D’où l’intérêt d’avoir un casque (ou une paire d’écouteurs) de bonne qualité. Remisez donc vos kits mains libres et plus généralement, tout dispositif n’ayant pas été spécifiquement conçu pour la prise et le mixage du son.

Et voilà ! Votre son est prêt à l’emploi. Wait ! Il ne manquerait pas quelque chose par hasard ? Bon sang mais c’est sûr : l’image !

Ça tombe bien : notre prochain article sera justement consacré à la prise de vue pour le streaming. Au programme : matériel, scénographie, branchements… Tenez-vous prêt(e) !

D’ici là, si vous avez la moindre question relative à la configuration audio pour votre live, contactez-nous. Si la technique du streaming n’a pas de secret pour vous et que vous êtes déjà un streamer ou une streameuse de compétition, Handart se charge de relayer votre événement à votre place. Mieux : l’appli vous aide à percevoir un revenu pour votre prestation live ! Alors n’attendez plus, rejoignez-nous !